Le château de Nozeroy surnommé « La Perle du Jura » au 16° siècle

Château de Nozeroy Perché à l'extrémité d'un éperon étroit qui offrait à la fois des facilités de mise en défense et des possibilités d'extension, le château de Nozeroy fut conçu par la famille de Chalon sans doute en même temps que le bourg castral. Attesté en 1261, il remontait probablement au début du 13° siècle.
Entièrement reconstruit dans la première moitié du 15° siècle, ce quadrilatère fermé, villégiature et luxueux rendez-vous de chasse, plutôt que site stratégique, nous est connu par les textes de Gilbert Cousin, mais également par divers documents graphiques.
Il était l'une des résidences privilégiées des Chalon, Princes d'Orange. Magnifiant sa ville natale, l'illustre secrétaire d'Erasme Gilbert Cousin écrivait : « Il n'y a rien pour moi de plus charmant et de plus illustre que ma patrie. Vous n'avez guère vu de situation plus remarquable et plus agréable que celle de cette ville. Posée sur une colline élevée et aérienne ..., elle n'est pas bien grande ... Mais ... elle l'emporte sur les plus grandes villes de Bourgogne ».

Escalier d'Honneur Ce château de magnifique structure, bâti en pierres de taille bien alignées et parfaitement jointes, était défendu par 4 tours très élevées comportant des escaliers à vis de cent marches. L'aile sud-est du château renfermait, au rez-de-chaussée, la salle qui mesurait près de 35 mètres de longueur sur 14 mètres de largeur. Le luxe et l'art y avaient accumulé d'innombrables richesses : tapisseries, orfèvreries, vaisselle d'or et d'argent ... Louis II de Chalon organisa de nombreuses fêtes et reçut d'illustres hôtes comme les Ducs de Bourgogne Philippe le Bon et Charles le Téméraire, les Princes de Savoie et surtout le dauphin de France Louis XI en 1456.
Jardins et vergers d'agrément revêtaient un intérêt majeur si l'on en croit les Gravures de Cousin. C'est pourquoi leur accès fut particulièrement soigné. Selon Cousin, un escalier à vis, plongeant dans les sous-sols, y conduisait qui fut complété par un autre escalier monumental, rampe sur rampe, élevé dans une cage flanquant l'angle formé par la tour sud et l'aile sud-ouest. Il desservait, depuis le rez-de-chaussée, les étages et les jardins.
Le mur de cage est percé au sud d'une porte et d'une petite fenêtre. Les volées, séparées par un mur-noyau dans lequel s'inscrit une main-courante, sont couvertes d'une voûte en berceau. Le premier palier était couvert d'une voûte d'ogives. En avant du mur-noyau, au premier et second niveau conservés, s'engage une colonne dont le chapiteau recevait le voûtement.
Le premier doubleau est décoré de pampres très proches des motifs visibles dans la chapelle des Chalon édifiée vers 1460 dans l'église Saint-Germain de Mièges. Les ogives du premier repos retombaient sur un culot orné de trois visages grimaçants à quatre oeils, présents également sur la façade ouest de l'église de Mièges. Au départ de la main courante, dans le mur-noyau, est sculptée la fameuse « scène des bateliers » : deux personnages debout sur des barques. Les mains courantes sont ornées de petits animaux.
Cet escalier est traditionnellement attribué à Philibert de Chalon et serait donc antérieur à 1530. Un des premiers escaliers rampe-sur-rampe qui serait bien antérieur à celui du palais Grandvelle de Besançon édifié vers 1639 et considéré comme le premier témoin de l'art de la renaissance en Franche-Comté.

Photo ancienne des ruines Hélas ! Ce merveilleux château fut définitivement abandonné et vidé de son contenu entre 1780 et 1785. La Comtesse de Lauraguais héritière du château aurait utilisé les pierres du château de Nozeroy afin de privilégier son domaine d'Arlay. Pour échapper à l'impôt, elle fait raser le château de Nozeroy au niveau du premier étage et permet aux habitants d'en utiliser les matériaux.

Les superstructures ont été arasées, ensevelissant dans les gravats une bonne partie des sous-sols. Seules subsistèrent en élévation les ruines d'une tour, qu'une lithographie de 1820 montre, émergeant des décombres, mais qui finit par s'effondrer en 1868.
L'incendie terrible du 15 juillet 1815 avait incité les habitants de Nozeroy à venir puiser les pierres pour permettre la reconstruction de leurs maisons.

Photo ancienne de l'escalier d'Honneur A la fin du 19° siècle, le Prince d'Aremberg, alors propriétaire, fit dégager l'extérieur des ruines et aplanir le pourtour pour en faire une promenade publique.

Voici ci-contre ce qu'il en restait au début du 20e siècle. Certains habitants du canton se souviennent avoir joué à cache cache dans les ruines et grimpé les marches de l'escalier d'honneur dans les années 30.